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des Danois, ils y avaient envoyé, en 1720, une galiote à bombes, et deux ou trois frégates, pour demander qu’il leur fût remis. John, qui était hardi et subtil, ayant examiné leurs forces, répondit qu’il voulait voir quelque témoignage du traité des Brandebourgeois. Il ajouta même que ce traité prétendu ne pouvait leur donner droit qu’à l’artillerie et aux pierres de l’édifice, puisque le terrain n’appartenait pas aux Européens pour en disposer ; que les premiers possesseurs lui en avaient payé la rente, et que, depuis le parti qu’ils avaient pris de l’abandonner, il était résolu de ne pas recevoir d’autres blancs. Ces raisonnemens ayant irrité les Hollandais, ils jetèrent quelques bombes dans la place. Ensuite, aussi furieux d’eau-de-vie que de colère, ils débarquèrent quarante hommes sous la conduite d’un lieutenant, pour former une attaque régulière. Mais John, qui avait eu le temps de se mettre en embuscade avec des forces supérieures, fondit brusquement sur eux, et les tailla tous en pièces. Il ajouta l’insulte à la victoire, en faisant paver l’entrée de son palais des crânes des morts.

Cet avantage avait servi à le rendre plus fier et plus rigoureux sur tous les droits du commerce, c’est-à-dire sur ceux qui lui étaient dus justement. Cependant, lorsqu’il se fut réconcilié avec les Anglais, Atkins et quelques autres officiers du vaisseau lui rendirent une visite. Les vents du sud avaient rendu la mer