Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/122

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la plupart des objets, ont beaucoup de ressemblance avec ceux des nations dont nous avons déjà parlé, nous ne spécifierons que ce qui nous offrira quelque particularité remarquable.

Les Nègres de la côte d’Or ont l’esprit facile et la conception vive. Ils n’ont pas les yeux du corps moins perçans. On observe que sur mer ils découvrent les objets de beaucoup plus loin que les Européens. Ils ne manquent point de jugement ; le progrès de leurs connaissances est si prompt dans les affaires de commerce, qu’ils remportent bientôt sur les Européens mêmes. Ils sont malins, envieux, et si dissimulés, qu’ils sont capables de déguiser leurs ressentimens pendant des années entières ; d’ailleurs ils sont forts polis. Ils s’offensent beaucoup lorsqu’ils ne voient pas aux Européens les mêmes ménagemens pour eux.

Un Nègre qui vole un autre Nègre est regardé parmi eux avec détestation ; mais ils ne regardent pas comme un crime de voler les Européens ; ils font gloire, au contraire, de les avoir trompés, et c’est aux yeux de leur nation une preuve d’esprit et d’adresse. Lorsqu’on les surprend sur le fait, ils apportent pour excuse que les Européens ont quantité de biens superflus, au lieu que tout manque dans le pays des Nègres.

Leur mémoire est surprenante ; quoiqu’ils ne sachent ni lire ni écrire, ils conduisent leur commerce avec la dernière exactitude. Un Nègre partagera sans aucune erreur quatre ou