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turels qui les ont fait choisir pour la profession qu’elles exercent, elles sont honorées du public ; et la plus grande affliction qu’une ville puisse recevoir, est la perte ou l’enlèvement de son abéleré. Par exemple, si les Hollandais d’Axim ont quelque démêlé avec les Nègres, la meilleure voie pour les ramener à la raison est d’enlever une de ces femmes et de la tenir enfermée dans le fort. Cette nouvelle n’est pas plus tôt portée aux manferos, qu’ils courent chez les cabochirs pour les presser de satisfaire le facteur et d’obtenir la liberté de leur abéleré. Ils les menacent de se venger sur leurs femmes, et cette crainte n’est jamais sans effet. Bosman ajoute qu’il en fit plusieurs fois l’expérience. Dans une occasion, il fit arrêter cinq ou six cabochirs, sans s’apercevoir que leurs parens parussent fort empressés en leur faveur ; mais une autre fois ayant fait enlever deux abélerés, toute la ville vint lui demander à genoux leur liberté, et les maris mêmes joignirent leurs instances a celles des jeunes gens.

Les pays de Commendo, de la Mina de Fétou, de Sabou et de Fantin, n’ont pas d’abélerés ; mais les jeunes gens n’y sont pas plus contraints dans leurs plaisirs, et ne manquent point de filles qui vont au-devant de leurs inclinations. Elles exercent presque toutes le métier d’abéleré sans en porter le titre, et le prix qu’elles mettent à leurs faveurs est arbitraire, parce que le choix de leurs amans dé-