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sur le mélange du bien et du mal, et qu’on retrouve chez toutes les nations.

Ils ont l’usage de bannir tous les ans le diable de leurs villes, avec une multitude de cérémonies qui ont leurs lois et leurs saisons réglées : Bosman en fut témoin deux fois sur la côte d’Axim.

Ils assurent qu’en sortant de cette vie, les morts passent dans un autre monde, où ils vivent dans les mêmes professions qu’ils ont exercées sur la terre, et qu’ils y font usage de tous les présens qu’on leur offre dans celui-ci ; mais ils n’ont aucune notion de récompense ou de châtiment pour les bonnes ou les mauvaises actions de la vie. Cependant il s’en trouve d’autres qui, faisant gloire d’être mieux instruits, prétendent que les morts sont conduits immédiatement sur les bords d’une fameuse rivière de l’intérieur des terres nommée Bosmanque. Cette transmigration, disent-ils, ne peut être que spirituelle, puisqu’en quittant leur pays, ils y laissent leurs corps. Là, Dieu leur demande quelle sorte de vie ils ont menée. Si la vérité leur permet de répondre qu’ils ont observé religieusement les jours consacrés aux fétiches, qu’ils se sont abstenus de viandes défendues, et qu’ils ont satisfait inviolablement à leurs promesses, ils sont transportés doucement sur la rivière dans une contrée où toutes sortes de plaisirs abondent. Mais s’ils ont violé ces trois devoirs, Dieu les plonge dans la rivière, où ils sont noyés sur-