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Dans les cantons où le rivage est fort élevé, la méthode des Nègres pour faire du sel est de faire bouillir l’eau de mer dans des chaudières de cuivre, et de la laisser refroidir jusqu’à sa parfaite congélation ; mais cette opération est ennuyeuse et d’une grande dépense. Les Nègres qui sont situés plus avantageusement sur une côte basse creusent des fossés et des trous dans lesquels ils font entrer l’eau de la mer pendant la nuit. La terre étant d’elle-même salée et nitreuse, les parties fraîches de l’eau s’exhalent bientôt à la chaleur du soleil, et laissent de fort bon sel qui ne demande pas d’autre préparation. Dans quelques endroits, on voit des salines régulières, où la seule peine des habitans est de recueillir chaque jour un bien que la nature leur prodigue.

Le sel de Fantin, où la côte est très-favorable, égale la neige en blancheur, et en général, dans la plus grande partie de la côte d’Or, le sel est d’une blancheur et d’une pureté extraordinaires. On le prendrait d’autant plus aisément pour du sucre, qu’on lui donne ordinairement la forme de pain. Les Nègres en font beaucoup d’usage dans tous leurs alimens, et l’enveloppent dans des feuilles vertes pour lui conserver sa blancheur.

Bosman assure que toute la côte est remplie d’arbres de diverses grandeurs, et que les charmans bosquets qui se représentent de tous côtés dans l’intérieur des terres forment des perspectives assez délicieuses pour faire sup-