Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/175

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bondance est incroyable sur la côte d’Or ; ils sont en si grand nombre, que, dans plusieurs cantons, les Nègres sont obligés de faire la garde pour garantir leurs plantations, et d’employer le poison, les piéges et les armes. Lorsqu’un Européen rapporte de la chasse cinq ou six singes qu’il a tués, il est reçu des Nègres comme en triomphe. D’un autre côté, les singes s’aperçoivent fort bien des piéges qu’on leur tend, et ne donnent pas deux fois dans le même. Ils ne connaissent pas moins leurs ennemis. S’ils voient un singe de leur troupe blessé d’un coup de flèche, ils s’empressent à le secourir. La flèche est-elle barbue, ils le distinguent fort bien à la difficulté qu’ils trouvent à la tirer ; et, pour donner du moins à leur compagnon la facilité de fuir, ils en brisent le bois avec leurs dents. Un autre est-il blessé d’un coup de balle, ils reconnaissent la plaie au sang qui coule, et mâchent des feuilles pour la panser. Les chasseurs qui tomberaient entre leurs mains courraient grand risque d’avoir la tête écrasée à coups de pierres, ou d’être déchirés en pièces ; car, entre ces animaux il s’en trouve de très-gros , et qu’il est dangereux d’irriter.

On sait qu’en général tous les singes sont malins et fort portés à l’imitation de tout ce qui se présente devant leurs yeux. Ils sont passionnés pour leurs petits. Jamais on ne les voit tranquilles : la nature n’a rien qui représente mieux le mouvement perpétuel. Comme