Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/19

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On retournait en Angleterre, lorsque, le 1er juillet, le navire se trouvant par 13 degrés 19 minutes du nord, on s’aperçut d’une dangereuse voie d’eau. Comme elle était déjà si grande, que les pompes ne pouvaient suffire, on ne fut pas saisi d’une crainte médiocre en considérant qu’on était fort éloigné de la terre et qu’on n’était accompagné d’aucun vaisseau. Après beaucoup de recherches, Livingstone découvrit la source du mal et trouva les moyens d’en arrêter les progrès. Cependant il ne fut pas possible d’y remédier si parfaitement, qu’on ne s’aperçût bientôt qu’il recommençait avec un nouveau danger. On résolut de suivre le vent pour soulager le vaisseau ; mais la fatigue extrême de l’équipage, qui était sans cesse obligé de travailler à la pompe, fit applaudir à la proposition de porter droit aux Indes occidentales. On était dans la latitude des vents alisés, et on avait directement la Barbade à l’ouest. À la vérité, suivant les calculs, on n’en était pas à moins de sept cents lieues, distance terrible pour un vaisseau près de s’abîmer. Cependant les circonstances n’offrant point d’autre ressource, on résolut de s’y attacher avec tous les efforts du courage et de la prudence. Les emplois furent distribués pour une si grande entreprise : le capitaine et le pilote devaient prendre alternativement la conduite du gouvernail. Smith et un autre se chargèrent de préparer les vivres et de faire du punch chaud pour ceux qui travaillaient à