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la pompe, auxquels on assigna une pinte et demie de liqueur pendant chaque quart, c’est-à-dire de quatre heures en quatre heures : ils avaient besoin de ce soutien pour ranimer leurs esprits, parce que le travail était si pénible et le péril si pressant, que tous les matelots ne purent être divisés qu’en deux quarts. Il restait deux petits Nègres, qui reçurent ordre d’assister Smith et son camarade dans leurs fonctions.

On passa neuf ou dix jours dans une extrémité si déplorable. La plupart des matelots commençaient à se rebuter de l’excès du travail, et quelques-uns firent éclater des murmures qui semblaient annoncer d’autres effets de leur désespoir. On leur fournissait néanmoins des rafraîchissemens, et Smith avait soin de leur tuer tous les jours quelques pièces de volaille ou un chevreau. Tous les officiers s’efforçaient aussi de les encourager par l’espérance de découvrir bientôt la Barbade. Leur canot, qui était assez grand et en fort bon état, avait été placé sur le tillac ; mais la chaloupe ayant été serrée entre les deux ponts, plusieurs souhaitaient qu’on la mît en état d’être employée, c’est-à-dire qu’elle fut équipée de tout ce qui était nécessaire pour un usage forcé, comme d’eau, de vivres, d’instrumens de mer, etc. D’autres s’opposèrent fortement à cette proposition, dans la crainte que les plus mutins ou les plus désespérés ne profitassent des ténèbres pour fuir dans la cha-