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fusait de se soumettre à la loi. Quoique le nombre des femmes ne soit pas borné, et que plusieurs en aient huit ou dix, le commun des Nègres n’en prend que deux ou trois.

Les femmes sont chargées, comme chez tous les peuples nègres, de tous les ouvrages serviles, extérieurs et domestiques. Pendant que le mari prend ses repas, elles se tiennent à l’écart, et mangent ensuite ses restes. Leur soumission va si loin, qu’elles ne leur parlent qu’à genoux, et qu’à son arrivée elles doivent se prosterner pour le recevoir.

L’aîné d’une famille en est l’unique héritier ; mais il est obligé d’élever ses frères et ses sœurs jusqu’à l’âge où l’on suppose qu’ils peuvent se pourvoir eux-mêmes. Les enfans naissent esclaves, lorsque leur père et leur mère sont dans cette condition.

Tous les enfans, suivant l’observation particulière de Dapper, naissent blancs, et dans l’espace de deux jours ils deviennent parfaitement noirs. Les Portugais, qui prennent des femmes dans ces régions, y sont souvent trompés. À la naissance d’un enfant, ils se croient sûrs d’en être les pères, parce qu’ils le voient de leur couleur ; mais, deux jours après, ils sont obligés de le reconnaître pour l’ouvrage d’un Nègre. Cependant ils ne se rebutent point de ces épreuves, parce que leur passion, dit le même auteur, est d’avoir un fils mulâtre à toutes sortes de prix. On voit quelquefois naître d’un père et d’une mère nègres des enfans