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fait proclamer roi, envahit une si grande partie des états de son souverain, que le royaume de Loango est aujourd’hui fort étendu et tout-à-fait indépendant ; mais il est toujours regardé comme faisant partie du pays de Congo.

Les rois de Loango sont respectés comme des dieux, et portent le titre de samba et de pango, qui signifie, dans le langage du pays, dieu ou divinité. Les sujets sont persuadés que leur prince a le pouvoir de faire tomber la pluie du ciel. Ils s’assemblent au mois de décembre pour l’avertir que c’est le temps où les terres en ont besoin ; ils le supplient de ne pas différer cette faveur, et chacun lui apporte un présent dans cette vue. Le monarque indique un jour auquel tous ses nobles doivent se présenter devant lui, armés comme en guerre, avec tous leurs gens. Ils commencent les cérémonies de cette fête par des exercices militaires, et rendent à genoux leur hommage au roi, qui les remercie de leur soumission et de leur fidélité. Ensuite on étend à terre un tapis d’environ quatre-vingts pieds de circuit, sur lequel est place le trône où il est assis. Alors il commande à ses officiers de faire entendre leurs tambours et leurs trompettes. Les tambours sont si gros, qu’un homme seul ne suffit pas pour les porter. Les trompettes sont des dents d’éléphans d’une grandeur xtraordinaire, creusées et polies avec beaucoup d’art : le bruit de cette musique est effroyable. Après ce concert barbare, le roi se lève, et lance une flèche vers