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miers rangs des Nègres jeta la consternation dans une armée si nombreuse, et la mort du monarque acheva de les mettre en déroute. Le Portugais qui avait coupé la tête à ce prince assura que ses armes royales et tous les ustensiles dont il faisait usage étaient d’or battu.

La manière ordinaire de combattre dans toutes ces régions ne prouve pas plus de courage que de discipline. Deux armées nègres qui sont en présence commencent par discuter froidement le sujet de leur querelle : elles passent successivement aux reproches et aux injures ; enfin, la chaleur augmentant par degrés, on en vient aux coups. Les tambours se font entendre avec beaucoup de confusion. Ceux qui sont armés de fusils les jettent à la première décharge, parce qu’ils sont plus occupé de leur propre frayeur que de l’envie de nuire. D’ailleurs la méthode qu’ils prennent pour tirer est rarement dangereuse. Ils appuient la crosse du fusil contre l’estomac, sans aucun point de mire, et les balles passent en l’air par-dessus la tête de leurs ennemis, d’autant plus que des deux côtés l’usage est de s’accroupir lorsqu’ils voient le premier feu de la poudre ; ensuite les deux partis se relèvent et se servent de leurs arcs. S’ils sont à quelque distance, ils lancent leurs flèches en l’air, persuadés qu’elles sont plus meurtrières dans leur chute ; mais, lorsqu’ils sont fort près, ils tirent en droite ligne. Les flèches sont quelquefois empoisonnées, et le premier remède qu’ils