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réduire par degrés les Hottentots à l’esclavage. On lui répliqua que sa nation y ayant perdu son pays par la guerre, ne devait rien espérer ni de la paix ni des hostilités pour s’y rétablir. C’est alléguer clairement le droit du plus fort ; et, d’après ce raisonnement, toutes les questions faites aux Hottentots étaient fort déplacées.

Ce nègre se nommait Epkamma. Il mourut le sixième jour. Dans ses derniers discours, il dit aux Hollandais qu’il n’était qu’un Hottentot du commun, mais qu’il leur conseillait de s’adresser à Gogasoa, chef de sa nation, et de l’inviter à venir au fort pour traiter avec lui, et faire rendre à chacun, autant qu’il était possible, ce qui lui appartenait, comme le seul moyen de prévenir quantité de nouveaux désastres. Ce conseil parut si sage, que le commandant hollandais députa deux ou trois de ses gens au prince Gogasoa, et lui fit proposer de venir traiter de la paix dans le fort ; mais cette démarche fut inutile. La guerre continua avec fureur ; malgré toutes les précautions des Hollandais, leurs bestiaux furent enlevés presqu’à la vue du fort, avec tant de promptitude et d’audace, qu’ils ne trouvèrent aucun moyen d’y remédier. La haine s’exerça ainsi pendant près d’une année ; mais cette querelle fut enfin terminée par un heureux événement. Un Hottentot de quelque distinction, nommé Herry par les Hollandais, et Kamsemoga par ses compatriotes, ayant été banni pour