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eux dans le comptoir de Snelgrave. De tous les Nègres de son cortége, il n’en fit asseoir qu’un à table, avec le prince d’Iakin et lui. Snelgrave observe qu’ayant pris beaucoup de plaisir à manger, du jambon et du pâté à l’anglaise, il demanda comment ces deux mets étaient préparés. On lui répondit que le détail en serait trop long ; mais que, de la manière dont ils l’étaient, ils pouvaient se conserver six mois, malgré la chaleur du pays : c’était assurer beaucoup. Snelgrave ayant ajouté que le pâté était de la main de sa femme, le grand capitaine voulut savoir combien il avait de femmes, et rit beaucoup en apprenant qu’il n’en avait qu’une : « J’en ai cinq cents, lui dit-il, et je souhaiterais que dans ce nombre il y en eût cinquante qui sussent faire d’aussi bons pâtés. » On servit ensuite des bananes et d’autres fruits du pays sur de la vaisselle de Delft. Cette sorte de faïence lui parut si belle, qu’il pria Snelgrave de lui donner l’assiette sur laquelle il avait mangé, avec le couteau et la fourchette dont il s’était servi. Non-seulement Snelgrave lui accorda ce qu’il demandait, mais il y joignit tous les couverts qui étaient sur la table. Au même instant les Nègres enlevèrent le service avec tant de précipitation, qu’ils faillirent briser une partie de la vaisselle. Snelgrave fit ajouter à ce présent quelques pots et quelques gobelets.

Lorsqu’on avait commencé à manger, les principaux officiers du grand capitaine, qui