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DES VOYAGES


un traité à des conditions qui seraient agréables aux deux nations. Un événement aussi extraordinaire avait occasioné beaucoup de conjectures à Ingiginsk et à Bolcheretsk, et on ne l’aurait jamais compris, si nous n’en avions pas donné l’explication. Ce fut pour nous une grande satisfaction d’avoir enseigné par hasard aux Russes la seule manière véritable de recueillir les tributs et d’étendre leurs domaines ; et nous songeâmes avec satisfaction que la bonne intelligence à laquelle notre descente sur la côte des Tchoutskis avait donné lieu mettrait peut-être à l’avenir un peuple rempli de bravoure à l’abri des invasions de ses puissans voisins.

» Nous dînâmes le même jour chez le capitaine Schmaleff, qui, voulant varier nos amusemens, fit exécuter l’après-midi une danse russe et karatchadale. Il est impossible de décrire ce spectacle grossier. La danse russe ressemble beaucoup à la danse nommée hornpipe[1] ; elle était exécutée par une, par deux ou quatre personnes à la fois. Les danseurs faisaient des pas vifs, mais très-peu allongés ; ils élevaient à peine le pied ; ils tenaient leurs bras sur les côtés ; leur corps était toujours droit et immobile, excepté quand ils passaient les uns devant les autres ; car alors ils élevaient la main avec prestesse, mais d’une manière gauche. Si la danse russe fut tout à la fois insignifiante et ridicule, la danse kamtchadade nous présenta, outre ce dernier défaut, l’idée la plus bizarre

  1. C’est l’anglaise dansée par un homme seul.