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DES VOYAGES


se leva à l’instant même pour accompagner le capitaine.

» Nos affaires prenaient cette heureuse tournure ; les deux fils du roi étaient déjà dans la pinasse, et le reste de la petite troupe s’était avancé jusqu’au bord de l’eau, lorsqu’une femme âgée, appelée Kani Kabaria, mère des deux princes, et l’une des épouses favorites de Terriobou, s’approcha de lui, et, les larmes aux yeux, le supplia instamment de ne pas aller à bord du vaisseau. En même temps deux chefs qui étaient arrivés avec elle retinrent le roi, en insistant pour qu’il n’allât pas plus loin, et le contraignirent à s’asseoir. Les insulaires qui se rassemblaient le long du rivage, en groupes très-nombreux, et qui vraisemblablement avaient été effrayés du bruit des canons et des préparatifs d’hostilité qu’ils apercevaient dans la baie, commencèrent à se presser autour du capitaine Cook et de leur roi. Le lieutenant des soldats de marine, qui vit ses gens serrés de près par la multitude, et hors d’état de se servir de leurs armes, s’il fallait y avoir recours, proposa au capitaine de les mettre en bataille le long des rochers, près du bord de la mer, et la populace les ayant laissés passer sans difficulté, ils se postèrent à environ soixante pieds de l’endroit où Terriobou était assis à terre.

» Durant tout ce temps, le vieux roi ne bougeait pas ; la frayeur et rabattement étaient peints sur son visage. Le capitaine, ne voulant