pas renoncer à son projet, continuait à le presser
vivement de s’embarquer ; d’un autre côté,
lorsque le prince semblait disposé à le suivre,
les chefs qui l’environnaient l’en détournaient
d’abord par des prières et des supplications ;
ils eurent ensuite recours à la force et à la violence,
et ils insistèrent pour qu’il demeurât où
il était. Le capitaine, voyant que l’alarme était
devenue trop générale, et qu’il n’était plus possible
d’emmener le roi sans verser du sang,
abandonna sa première résolution ; il représenta
à M. Philips qu’il serait impossible d’obliger
Terriobou à aller à bord sans courir le
risque de tuer un grand nombre d’insulaires.
» Quoique l’entreprise qui avait amené le capitaine Cook à terre eût manqué, et qu’il y eût renoncé, il paraît pourtant que sa personne ne courut de danger qu’après un accident qui donna à cette affaire la tournure la plus fatale. Nos canots placés en travers de la baie, ayant tiré sur des pirogues qui essayaient de s’échapper, tuèrent par malheur un chef du premier rang. Les nouvelles de sa mort arrivèrent au village où se trouvait le capitaine au moment où il venait de quitter le roi, et où il marchait lentement vers le rivage : la fermentation qu’elle excita fut très-sensible ; les femmes et les enfans furent tout de suite renvoyés ; les hommes se revêtirent de leurs nattes de combat, et s’armèrent de piques et de pierres. L’un d’eux, qui tenait une pierre et un long poignard de fer appelé pahoua, s’approcha du capitaine en