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HISTOIRE GÉNÉRALE


opérations, et à se mêler des détails les plus minutieux du service.

» Après avoir raconté d’une manière fidèle, et aussi complète que l’ont permis mes observations et celles de mes camarades, la mort de mon respectable ami, je livre sa mémoire à la reconnaissance et à l’admiration de la postérité. Je n’ajouterai plus qu’un mot : j’ai accepté avec regret l’honneur que m’a procuré sa mort de voir mon nom réuni au sien ; je n’ai pas cessé pendant sa vie de lui montrer les témoignages d affection et de respect que je viens de donner à ses mânes, et mon cœur m’en a toujours fait une loi.

» J’ai déjà dit que quatre des soldats de marine qui accompagnaient le capitaine Cook demeurèrent sur le champ de bataille. Les autres se jetèrent dans l’eau, ainsi que M. Philips, leur lieutenant ; et, couverts par un feu très-vif qui partait des canots, ils échappèrent à la mort. Cet officier montra en cette occasion un courage intrépide et un grand attachement pour sa petite troupe : au moment où il atteignit une de nos embarcations, il vit un de ses soldats qui était mauvais nageur, et qui, se débattant dans les flots, courait risque d’être pris par l’ennemi : quoiqu’il fût grièvement blessé, il se précipita tout de suite à la mer pour voler à son secours ; et après avoir reçu à la tête un coup de pierre qui manqua de le plonger au fond de l’eau, il saisit le soldat par les cheveux, et il le ramena sain et sauf.