embarqué pour passer à Mooui lors de notre
dernier départ de la baie ; il nous dit qu’il venait
nous avertir, de la part de Terriobou, que
le corps de notre commandant avait été porté
dans l’intérieur de l’île ; mais qu’on le rapporterait
le lendemain au matin. Tout son maintien
annonçait beaucoup de sincérité ; je lui
demandai s’il mentait, et il accrocha l’un à l’autre
les index de chaque main, geste qui, parmi
ces insulaires, est un signe de vérité sur lequel
ils sont très-scrupuleux.
» Ne sachant quel parti prendre, je chargeai M. Vancouver d’aller instruire le capitaine Clerke de ce qui venait de se passer ; de lui dire que je ne croyais pas les insulaires disposés à tenir leur parole ; que, loin d’éprouver de l’affliction sur ce qui était arrivé, leurs derniers succès leur donnaient au contraire beaucoup de courage et de confiance ; qu’ils ne cherchaient qu’à gagner du temps, afin de découvrir un moyen de nous mettre en leur pouvoir. M. Vancouver me rapporta un ordre de retourner à bord, après avoir fait comprendre aux naturels que nous détruirions la bourgade, si on ne nous rendait pas le lendemain le corps de notre commandant.
» Lorsque les naturels s’aperçurent que nous retournions aux vaisseaux, ils nous provoquèrent par les gestes les plus insultans et les plus dédaigneux. Quelques-uns de nos gens dirent qu’ils avaient vu plusieurs des insulaires se promener en triomphe avec les habits de nos