vague, c’est qu’il n’y a point de pays connu où l’esclavage ait moins de rigueur. Knox donne des idées plus claires d’une autre partie de la nation, qui forme encore une particularité de l’île de Ceylan. Ce sont, dit-il, les gueux qui, pour leurs mauvaises actions, ont été réduits par les rois au dernier degré de l’abjection et du mépris. Ils sont obligés de donner à tous les autres insulaires les titres que ceux-ci donnent aux rois et aux princes, et de les traiter avec le même respect. On raconte que leurs ancêtres étaient des dodda vaddas, c’est-à-dire des chasseurs, qui fournissaient le gibier pour la table du roi ; mais qu’un jour, au lieu de venaison, ils présentèrent de la chair humaine à ce prince, qui, l’ayant trouvée excellente, demanda qu’on lui en servît de la même espèce. Mais cette horrible tromperie fut découverte, et le ressentiment du roi en fut si vif, qu’il regarda la mort des coupables comme un châtiment trop léger. Il ordonna par un décret public que tous ceux qui étaient de cette profession ne pourraient plus jouir d’aucun bien ni exercer aucun métier dont ils puissent tirer leur subsistance, et qu’étant privés de tout commerce avec les autres hommes, pour avoir outragé si barbarement l’humanité, ils demanderaient l’aumône, de génération en génération, dans toutes les parties du royaume, enfin seraient regardés de tout le monde comme des infâmes, et en horreur dans la société civile. En effet, ils sont si
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