Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/134

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détestés, qu’on ne leur permet pas de puiser de l’eau dans les puits. Ils sont réduits à celle des trous et des rivières. On les voit mendier en troupes, hommes, femmes, enfans, portant leurs bagages et leurs alimens dans des paniers au bout d’un bâton. Leurs femmes ne portent rien. Elles dansent et font divers tours de souplesse pendant que les hommes battent du tambour ; elles font tourner un bassin de cuivre sur le bout du doigt avec une vitesse incroyable ; elles ont l’adresse de jeter successivement neuf balles, et de les recevoir l’une après l’autre, de sorte qu’il y en a toujours sept en l’air. Lorsqu’ils demandent l’aumône, ils donnent aux hommes le titre d’altesse, de majesté, et aux femmes celui de comtesse et de reine ; ce qui n’est pas rare non plus parmi nous. Leurs demandes sont aussi pressantes que s’ils étaient autorisés à les faire par des lettres-patentes du roi. Ils ne peuvent souffrir qu’on les refuse. D’un autre côté, comme il n’est pas permis de les maltraiter ni de lever même la main sur eux, on est obligé malgré soi de tout accorder à leurs importunités. Ils se bâtissent des cabanes sous des arbres, dans des lieux éloignés des villes et des grands chemins. Les aumônes qu’ils arrachent de toutes parts leur font mener une vie d’autant plus aisée qu’ils sont exempts de toutes sortes de droits et de services. On ne les assujettit qu’à faire des cordes de la peau des vaches mortes, pour prendre et lier les éléphans ; ce qui leur procure