de statues et d’autres figures, mais si anciens, que les habitans mêmes en ignorent l’origine. Ce qui peut faire croire qu’ils les doivent à des ouvriers plus habiles que les Chingulais, c’est que, la guerre en ayant ruiné plusieurs, ils n’ont pas été capables de les rebâtir.
Les Chingulais ont trois sortes de prêtres, comme trois sortes de dieux et de temples. Le premier ordre du sacerdoce est celui des tirinanxes, qui sont les prêtres de Bouddou ; leurs temples se nomment œlsars ; ils ont une maison à Diglighi, où ils tiennent leurs assemblées. On ne reçoit dans cet ordre que des personnes d’une naissance et d’un savoir distingués ; ce n’est pas même tout d’un coup qu’elles sont élevées au rang sublime des tirinanxes : ceux qui portent ce titre ne sont qu’au nombre de trois ou quatre, qui font leur demeure à Diglighi, où ils jouissent d’un immense revenu, et sont comme les supérieurs de tous les prêtres de l’île. On nomme gonnis les autres ecclésiastiques du même ordre. L’habit des uns et des autres est une casaque jaune, plissée autour des reins, avec une ceinture de fil. Ils ont les cheveux rasés, et vont nu-tête, portant à la main une espèce d’éventail rond pour se garantir de l’ardeur du soleil. Ils sont également respectés du roi et du peuple. Leur règle les oblige de ne manger de la viande qu’une fois le jour ; mais il ne faut pas qu’ils ordonnent la mort des animaux dont ils man-