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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/170

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fonde connaissance de l’arithmétique, suivant l’usage des Arabes ; du goût pour la poésie, qu’ils mettent presque toujours en chant ; une propreté dans leurs habits et dans leurs maisons, qu’ils porteraient volontiers jusqu’à la magnificence, si le roi ne faisait tomber ses principales vexations sur les personnes riches. Les arts sont en honneur dans la ville d’Achem. Il s’y trouve d’excellens forgerons, qui font toutes sortes d’ouvrages de fer ; des charpentiers qui entendent fort bien la construction des galères ; des fondeurs pour tous les ouvrages de cuivre. Ils sont extrêmement sobres : le riz fait leur seule nourriture ; les plus riches y joignent un peu de poisson et quelques herbages. Il faut être un grand seigneur à Sumatra pour avoir une poule rôtie ou bouillie ; qui sert pendant tout le jour. Aussi disent-ils que deux mille chrétiens dans leur île l’auraient bientôt épuisée de bœufs et de volaille. Ils sont tous mahométans, et feignent beaucoup de zèle pour leur religion. « Mais dit, Beaulieu, on découvre aisément leur hypocrisie, surtout dans l’affection qu’ils font éclater pour leur roi, à qui tous ils désireraient d’avoir mangé le cœur. Ils le redoutent jusqu’au point que, dans la crainte continuelle que leurs voisins ou les témoins de leur conduite n’attirent sur eux sa colère par quelque rapport malicieux, ils s’efforcent eux-mêmes de les prévenir par de fausses accusations. De là vient sa cruauté, parce que, sans cesse obsédé de délateurs, il