Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/171

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s’imagine qu’on en veut sans cesse à sa vie, et que tous ses sujets sont autant de mortels ennemis dont il ne peut trop se défier. Le frère accuse le frère ; un père est accusé par son fils. Lorsqu’on leur reproche cet excès d’inhumanité, et qu’on les rappelle aux droits de la conscience, ils répondent que Dieu est loin, mais que le roi est toujours proche. »

La pluralité des femmes est établie à Sumatra, comme dans tous les pays mahométans, et les lois du mariage y sont les mêmes. Le débiteur insolvable est abandonné aux créanciers, dont il est l’esclave jusqu’à son paiement. Beaulieu parle avec admiration du respect que les Achémois ont pour la justice. Un criminel arrêté par une femme ou par un enfant n’ose prendre la fuite, et demeure immobile. Il se laisse conduire avec la même docilité devant le juge, qui le fait punir sur-le-champ. Le châtiment ordinaire pour les fautes communes est la bastonnade. Après l’exécution, chacun s’en retourne tranquillement, sans qu’on puisse distinguer le coupable entre les accusateurs, c’est-à-dire qu’on n’entend d’une part aucune plainte, ni de l’autre aucun reproche. Un jour que les affaires de Beaulieu l’avaient conduit au tribunal, et qu’il avait été reçu fort civilement par le juge, il fut témoin de plusieurs procès ; entre autres, de celui d’un homme qui avait eu la curiosité de voir la femme de son voisin par-dessus une haie, tandis qu’elle était à se laver. Cette femme en avait fait des plaintes à