plus courageux et les mieux instruits qu’on fait porter devant eux des quitasols[1], distinction réservée d’ailleurs pour la personne du roi. Le peuple s’arrête lorsqu’ils passent dans une rue, et quelqu’un marche devant eux avec un instrument de cuivre, dont le son avertit toute la ville du respect qu’on leur doit. Ce respect me paraît très-bien placé. Il s’en faut de beaucoup que les habitans de Sumatra vaillent leurs éléphans.
Le roi hérite de tous ses sujets, lorsqu’ils meurent sans enfans mâles. Ceux qui ont des filles peuvent les marier pendant leur vie ; mais si le père meurt avant leur établissement, elles appartiennent au roi, qui se saisit des plus belles, et qui les entretient dans l’intérieur du palais. De là vient la multitude extraordinaire de ses femmes.
Il tire un profit immense de la confiscation des biens, qui est le châtiment ordinaire des plus riches coupables. Il s’attribue la succession de tous les étrangers qui meurent dans ses états. Ce n’était pas sans peine que les Européens s’étaient fait excepter de cette loi. Quelques marchands de Surate et de Coromandel étant morts à Achem pendant le séjour que Beaulieu fit dans cette ville, non-seulement tous leurs effets furent saisis au nom du roi, mais on mit leurs esclaves à la torture, pour leur faire déclarer s’ils n’avaient pas détourné quelques diamans ou d’autres richesses.
- ↑ Espèce de parasol.