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public. S’il est question de guerre, on appelle au conseil les principaux officiers militaires, qui sont au nombre de trois cents. Il ne faut pas omettre un usage fort singulier : si le feu prend à quelque maison, les femmes sont obligées de l’éteindre sans le secours des hommes, qui se tiennent seulement sous les armes, pour empêcher qu’on ne les vole.

Lorsqu’un des principaux seigneurs, qui sont distingués par le nom de capitaines, se rend à la cour avec son train, il fait porter devant lui une ou deux javelines et une épée dont le fourreau est rouge ou noir. À cette marque, le peuple de l’un et de l’autre sexe s’arrête dans les rues, se retire, à côté des maisons, et se met à genoux pour attendre que le seigneur soit passé. Tous les habitans de quelque distinction marchent dans la ville avec beaucoup de faste ; ils sont suivis de leurs domestiques, dont l’un porte une boîte de bétel, l’autre un pot de chambre, d’autres un parasol qu’ils tiennent sur la tête de leur maître. Ils vont pieds nus, et ce serait une infamie, dans ces occasions, de marcher chaussés, quoique dans l’intérieur des maisons ils aient des sandales de cuir rouge, qui viennent de la Chine, de Malacca et d’Achem. Le maître porte entre ses mains un mouchoir broché d’or, et sur la tête un turban de Bengale dont la toile est très-fine. Quelques-uns ont sur les épaules un petit manteau de velours ou de drap. Leur poignard pend à la ceinture, par-