Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/190

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derrière ou par-devant ; et cette arme, qu’ils regardent comme leur principale défense, ne les quitte jamais.

Les insulaires de Java sont naturellement perfides, méchans, et d’un caractère atroce. Le meurtre les effraie peu dans leurs querelles, et le sort commun de celui qui a le dessous est de périr par la main de son adversaire. Mais la certitude du châtiment produit un effet fort étrange : celui qui a tué son ennemi dans un combat s’abandonne à sa fureur, et perce à droite et à gauche tout ce qui se rencontre dans son chemin, sans épargner les enfans, jusqu’à ce que le peuple attroupé se saisisse de lui et le livre à la justice.

Il arrive rarement qu’on l’arrête en vie, parce que, dans la crainte d’être poignardés, ceux qui le poursuivent se hâtent de le percer de coups. De toutes les nations connues, c’est la plus adroite aux larcins. Ils sont si vindicatifs, qu’étant blessés par leurs ennemis, ils ne craignent pas de s’enferrer dans leurs armes, pour le seul plaisir de les frapper à leur tour et de se venger en périssant.

Ils portent ordinairement les cheveux et les ongles fort longs ; mais leurs dents sont limées. Ils ont le teint aussi brun que les Brésiliens. La plupart sont grands, robustes et bien proportionnés.

Malgré leur naturel féroce, leur soumission est admirable pour ceux qui les gouvernent, et pour tout ce qui porte le caractère d’une juste