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Avec de si sages établissemens pour l’entretien de l’ordre et de la justice, le voyageur Graaf se plaint que rien n’est si mal observé à Batavia ; et la peinture qu’il fait des vices publics justifie ses plaintes.

Son pinceau s’exerce d’abord sur les femmes. Il en distingue quatre sortes : les Hollandaises, les Hollandaises indiennes, et celles qu’il nomme les Kastices et les Mestices. « En général, dit-il, elles sont insupportables par leur arrogance, par leur luxe, et par le goût emporté qu’elles ont pour les plaisirs. On appelle Hollandaises celles qui sont venues par les vaisseaux qui arrivent tous les ans ; Hollandaises indiennes, celles qui sont nées dans les Indes d’un père et d’une mère hollandais ; Kastices, celles qui viennent d’un Hollandais et d’une mère mestice ; et Mestices, celles qui viennent d’un Hollandais et d’une Indienne. Il ajoute qu’on donne ordinairement aux enfans des Hollandaises indiennes le nom de Liblats, et que les femmes de cet ordre ont le timbre un peu fêlé. Toutes ces femmes se font servir nuit et jour par des esclaves de l’un et de l’autre sexe, qui doivent sans cesse avoir les yeux respectueusement attachés sur elles, et deviner leurs intentions au moindre signe. La plus légère méprise expose les esclaves non-seulement à des injures grossières, mais encore à des traitemens cruels. On les fait lier à un poteau pour la moindre faute, on les fait fouetter si rigoureusement à coups de carmes fendues, que