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Les clous qui restent aux arbres portent le nom de mères, y demeurent jusqu’à l’année suivante, et passent pour les meilleurs, parce qu’ils sont plus forts et mieux nourris. Les Javanais du moins les préfèrent aux autres ; mais les Hollandais prennent par choix les plus petits. On ne plante point de girofliers. Les clous qui tombent et qui se répandent en divers endroits les reproduisent assez ; et les pluies fréquentes hâtent si fort leur accroissement, qu’ils donnent du fruit dès la huitième année. Ils durent cent ans. Quelques-uns prétendent qu’ils ne croissent pas bien lorsqu’ils sont plantés trop près de la mer, et qu’ils viennent également dans toutes ces îles, sur les montagnes comme dans les vallées. Les clous mûrissent depuis la fin du mois d’août jusqu’au commencement de janvier.

On lit dans les mémoires portugais que les pigeons ramiers, qui sont en grand nombre dans l’île de Gilolo, mangent le reste des clous qui vieillissent sur les arbres ; et que, les rendant avec leur fiente, il en renaît d’autres girofles ; raison qui les fait multiplier partout, et qui s’opposera toujours aux efforts qu’on pourrait faire pour les détruire. Ils rapportent aussi qu’après la conquête des Portugais, les rois des Moluques, indignés de l’insolence et de la cruauté de leurs vainqueurs, ne trouvèrent pas d’autres moyen, pour s’en délivrer, que de détruire les funestes richesses qui les exposaient à cette tyrannie. Le désespoir leur