Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/276

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attaché sur une branche par sa queue, lui déchire les entrailles, et boit son sang jusqu’à la dernière goutte. Cette antipathie, ou plutôt ce goût des serpens de Célèbes pour les singes préserve les villes et les campagnes de ce qu’elles auraient à souffrir de leur excessive multiplication. Il en reste assez pour causer des alarmes continuelles aux insulaires, qui ont sans cesse leurs femmes et leurs champs à défendre contre des animaux également lascifs et voraces. À la vérité, le seul mouvement d’un bâton entre les mains d’un homme suffit pour les effrayer.

Tout le royaume de Macassar n’est arrosé que par une grande rivière qui le traverse du septentrion au midi : elle se jette dans le golfe, ou dans le détroit, vers le 5e. degré de latitude méridionale. Sa largeur est de plus d’une demi-lieue à son embouchure. Plus haut, elle n’a qu’environ trois cents pas, et de là, jusqu’à peu de distance de sa source, elle n’est pas plus large que la Seine à Paris ; mais dans toute l’étendue de son cours elle se divise par une infinité de bras qui se répandent dans toutes les parties du royaume, et qui contribuent à l’enrichir en formant les canaux du commerce. Elle est malheureusement infestée d’un grand nombre de crocodiles, plus dangereux que dans aucune autre rivière de l’Orient : ces monstres, ne se bornant point à faire la guerre aux poissons, s’assemblent quelquefois en troupes, et se tiennent cachés au fond de l’eau pour