Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La province d’Iloccos, qui confine à celle de Cagayan, passe pour une des plus peuplées et des plus riches de toutes ces îles : elle a quarante lieues de côtes, et sa situation est sur les bords de la rivière de Bigan. Guido de Laccazaris, gouverneur espagnol, y fonda en 1574 une ville qu’il nomma Fernandine. Cette province ne s’étend pas à plus de huit lieues dans les terres, parce qu’on trouve à cette distance des montagnes et des forêts habitées par les Igolottes, nation guerrière et de haute stature, et par des noirs qui n’ont pas encore été subjugués. Une armée espagnole, qui attaqua les Igolottes en 1623, connut l’étendue de ces montagnes dans une marche de vingt-une lieues, qu’elle n’y put faire qu’en sept jours : elle passa continuellement sous des muscadiers sauvages et sous des pins. Ce ne fut qu’au sommet des montagnes qu’elle trouva les principales habitations des Igolottes. Ces lieux sauvages leur fournissent de l’or, qu’ils échangent avec les tributaires d’Iloccos et de Pangasinan pour du tabac, du riz et d’autres commodités.

On passe ensuite dans la province de Pangasinan, dont la côte a quarante lieues de longueur, et la même largeur à peu près que celle d’Iloccos. Ses montagnes produisent beaucoup d’une espèce de bois que les Indiens nomment siboucao, renommé pour teindre en rouge et en bleu. Tout le fond de cette province est habité par des sauvages qui vont errans dans les forêts et les montagnes, aussi nus, aussi