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comme de poix pour leurs barques ; récit fort vraisemblable, puisque les tempêtes en jettent beaucoup aussi sur la côte de Samar. Plusieurs jésuites des Philippines se persuadèrent que ces îles, qui ne sont pas encore découvertes, étaient celles de Salomon que les Espagnols cherchent depuis si long-temps, et qu’on croit également riches en or et en ambre.

Le tour de l’île de Leyte est d’environ quatre-vingt-dix ou cent lieues ; elle est très-peuplée du côté de l’est, c’est-à-dire depuis le détroit de Panamao jusqu'à celui de Panahan ; et les plaines y sont si fertiles, qu’elles rendent deux cents pour un. De hautes montagnes qui la divisent en deux parties causent tant de différence dans l’air, que l’hiver règne d’un côté pendant que l’autre jouit de tous les agrémens de la plus belle saison. Une moitié de l’île fait la moisson, et l’autre sème ; ce qui procure chaque année deux abondantes récoltes aux insulaires. D’ailleurs les montagnes sont remplies de cerfs, de vaches, de sangliers et de poules sauvages. La pierre jaune et bleue s’y trouve en abondance. Les légumes, les racines et les cocos y croissent sans aucun soin. Le bois de construction, pour les édifices et les vaisseaux, n’y est pas moins commun ; et la mer, aussi favorable que la terre aux heureux habitans de l’île, leur fournit quantité d’excellent poisson. On compte neuf mille personnes qui paient le tribut en cire, en riz et en toiles. On vante aussi la douceur de leur naturel et