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pas l’usage d’apprivoiser ces animaux comme dans la plus grande partie des Indes, ils s’y sont extrêmement multipliés. On y trouve des chèvres dont la peau n’est pas moins mouchetée que celle des tigres. La salaugane, espèce d’hirondelle si renommée aux Indes par l’usage qu'on fait de ses nids pour la bonne chère, est le plus curieux des oiseaux de Solou. Entre les fruits on compte beaucoup de poivre, que les habitans recueillent vert ; des durions en abondance, et l’espèce de pomme que les Espagnols ont nommée le fruit du roi, parce qu’elle ne se trouve que dans son jardin. Sa grosseur est celle d’une pomme commune, et sa couleur un assez beau pourpre. Ses pépins blancs, de la grosseur d’une gousse d’ail, sont couvert d'une écorce aussi épaisse que la semelle d’un soulier, et le goût en est très-agréable. On vante dans cette île une herbe nommée ubosbamban, dont la vertu est d’exciter l’appétit. Les perles qui se pêchent sur les côtes sont distinguées par leur beauté. C’est une méthode singulière des plongeurs de Solou, avant de s’enfoncer dans l’eau, de se frotter les yeux avec le sang d’un coq blanc. La mer jette beaucoup d’ambre gris sur le rivage, principalement depuis mai jusqu’en septembre, temps pendant lequel on n’y connaît pas les vents du sud et du sud-ouest.

Les Espagnols possèdent le fort d’Illigan dans la province de Dapitan, qu’ils continuent de faire garder avec soin, quoique les habitans