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nent de si grandes, pluies, et des tempêtes si violentes, que, toutes les campagnes se trouvant inondées, on n’a point d’autre ressource que de petites barques pour la communication. Depuis octobre jusqu’au milieu de décembre, c’est le vent du nord qui règne, pour faire place ensuite, jusqu’au mois de mai, à ceux d’est et d’est-sud-est. Ainsi les mers des Philippines ont deux moussons comme les autres mers des Indes : l’une sèche et belle, que les Espagnols nomment la brise ; l’autre humide et orageuse, qu’ils appellent vandaral.

On remarque encore que, dans ce climat, les Européens ne sont pas sujets à la vermine, quelque sales que soient leurs habits et leurs chemises, tandis que les Indiens en sont couverts. La neige n’y est pas plus connue que la glace ; aussi n’y boit-on jamais de liqueur froide, à moins que, sans aucun égard pour sa santé, on ne se serve de salpêtre pour rafraîchir l’eau. L’avantage d’un continuel équinoxe fait qu’on ne change jamais l’heure des repas ni celle des affaires ; on ne prend point d’habits différens, et l’on n’en porte de drap que pour se garantir de la pluie. Ce mélange de chaleur et d’humidité ne rend pas l’air fort sain. Il retarde la digestion ; il incommode les jeunes Européens plus que les vieillards ; mais aussi les alimens y sont légers. Le pain ordinaire, n’étant que de riz, a moins de substance que celui de l’Europe. Les palmiers, qui croissent en abondance dans une terre humide, fournis-