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sent l’huile, le vinaigre et le vin. Comme on a le choix de toutes sortes de viandes, les personnes riches se nourrissent de gibier le matin, et de poisson le soir. Les pauvres ne mangent guère que du poisson mal cuit, et gardent la viande pour les jours de fêtes. Une autre cause de la mauvaise qualité de l’air est la rosée, qui tombe dans les jours les plus sereins. Elle est si abondante, qu’en secouant un arbre, on en voit tomber une sorte de pluie. Cependant elle n’incommode point les habitans naturels du pays, qui vivent quatre-vingts et cent ans ; mais la plupart des Européens s’en trouvent fort mal. On ne dort et l’on ne mange point à Manille sans être humide de sueur ; mais elle est beaucoup moindre dans les lieux plus ouverts, parce que l’air y est plus agité ; aussi toutes les personnes riches ont des maisons de campagne où elles se retirent depuis le milieu de mars jusqu’à la fin de juin. Quoique la chaleur se fasse sentir avec plus de force dans le mois de mai qu’en aucun temps, on ne laisse pas alors de voir souvent pendant la nuit des pluies épouvantables accompagnées de tonnerre et d’éclairs.

On a déjà fait observer que Manille est particulièrement sujette à d’effroyables tremblemens de terre, surtout dans la plus belle saison. Elle en ressentit un si violent au mois de septembre de l’année 1627, qu’une des montagnes qui se nomment Carvallos, dans la province de Cagayan, en fut aplatie. En 1645, le