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de ses forces à Vasco Homen pour se hâter de retourner vers la côte. Mais à peine eut-il paru à Mozambique, que, les séditieux étant rentrés dans la soumission, il regretta beaucoup qu’une affaire de si peu d’importance eût été capable d’interrompre ses projets. L’ardeur de son courage lui fit reprendre aussitôt la même route. Mais quelle fut sa surprise, en approchant du fort Séna, d’en voir sortir Monclaros d’un air furieux pour lui ordonner au nom du roi d’abandonner une entreprise sur laquelle il lui reprocha d’avoir trompé ce prince par de fausses espérances, en ajoutant que le nombre des morts était déjà trop grand, et qu’il le rendait responsable devant Dieu du sang qui se répandrait encore ! L’historien se révolte beaucoup contre ce missionnaire. Il semble pourtant que, si jamais il est permis d’attester le nom de Dieu, c’est surtout quand il s’agit d’épargner le sang des hommes ; et le désir de s’emparer des mines n’était pas une raison légitime pour tuer les Cafres.

Barretto mourut de chagrin deux jours après. Vasco, son successeur, retourna immédiatement à Mozambique. Mais, après le départ du missionnaire, qui s’embarqua aussitôt pour le Portugal, François Pinto-Pimentel, son parent, et quelques autres personnes sensées, lui représentèrent si fortement ce qu’il devait au Portugal et à son propre honneur, qu’il prit la résolution de retourner au Monomotapa. Il choisit, suivant Barretto, la route de Sofala,