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sur les montagnes diverses sortes de grands arbres qui servent également à la construction des vaisseaux et des maisons, et dont le feuillage est toujours vert. Tels sont l’ébène noir, le balayon rouge, l’asana ou le naga, dont on fait des vases qui donnent à l’eau une couleur bleue et qui la rendent plus saine ; le calinga, qui jette une odeur fort douce, et dont l’écorce est aromatique ; le tiga, dont le bois est si dur, qu’il ne peut être scié qu’avec la scie à l’eau, comme le marbre, ce qui le fait nommer aussi l’arbre de fer. La difficulté de pénétrer dans ces épaisses forêts ne permet pas aux insulaires mêmes de connaître toutes les richesses qu’ils tiennent de la nature. Ils ont sur quelques montagnes de Manille quantité de muscadiers sauvages dont ils ne recueillent rien. On a déjà fait observer que Mindanao produit de très-grands arbres dont l’écorce est une espèce de cannelle.

Mais ce qui doit passer pour un phénomène des plus extraordinaires, c’est que dans ces îles les feuilles de certains arbres n’arrivent, dit-on, à leur maturité que pour se transformer en animaux vivans, qui se détachent des branches et qui volent en l’air sans perdre la couleur de feuilles ; leur corps se forme des fibres les plus dures ; la tête est à l’endroit par où la feuille tenait à l’arbre, et la queue à l’autre extrémité ; les fibres des côtés forment les pieds, et le reste se change en ailes. Il est évident que cette observation n’a d’autre fondement que la crédulité des voyageurs.