Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui produisent plus d’herbes médicinales. Celles qui se trouvent en Europe ont aux Philippines les mêmes vertus dans un degré fort supérieur ; mais on vante encore plus celles qui sont propres au terrain et au climat. Le pollo, herbe fort commune et semblable au pourpier, guérit en très-peu de temps toutes sortes de blessures. Le pansipane en est une plus haute, qui porte une fleur blanche comme celle de la fève ; appliquée sur les plaies après avoir été pilée, elle en chasse toute la corruption. La golondrine a la vertu de guérir presque sur-le-champ la dysenterie. Quantité d’autres herbes guérissent les blessures, si l’on en boit la décoction. Une autre sert, comme l’opium, à faire perdre la raison dans un combat, pour ne plus craindre les armes de l’ennemi ; et l’on assure que ceux qui en ont pris ne rendent point de sang par leurs blessures. Carreri donne pour garant de cette vertu un gouverneur portugais et plusieurs missionnaires. Il vante l’admirable qualité de deux autres herbes ; l’une qui, étant appliquée sur les reins, empêche de sentir aucune lassitude ; l’autre qui, gardée dans la bouche, soutient les forces, et rend un homme capable de marcher deux jours sans manger.

Les mêmes qualités de l’air, qui favorisent la multiplication des animaux venimeux dans les îles, y font croître quantité d’herbes, de fleurs et de racines de la même qualité. Quelques-unes portent un venin si subtil, que non-