Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/353

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peint ; ils reconnaissent, disent-ils, leur arrivée par l’odorat. Ce qu’il y a d’étrange, c’est qu’ils prétendent les voir, et qu’ils le soutiennent avec toutes les marques d’une forte persuasion, tandis que les Espagnols n’aperçoivent rien.

Chaque petit état portait le nom de barangué, qui signifie barque ; apparemment parce que les premières familles, étant venues dans une barque, étaient demeurées soumises aux capitaines, qui étaient peut-être les chefs des familles, et ce titre s’était conservé.

Dampier, qui était à Mindanao en 1686, y fit, dans un assez long séjour, quelques observations qui méritent d’être recueillies.

Ces Indiens ont une manière de mendier qui est particulière à leur île, et dont Dampier trouve la source dans le peu de commerce qui s’y fait. Lorsqu’il y arrive des étrangers, les insulaires se rendent à bord, les invitent à descendre, et demandent à chacun s’il a besoin d’un camarade, terme qu’ils ont emprunté des Espagnols, ou s’il désire une pagaly. Ils entendent par l’un un ami familier, et par l’autre une intime amie. On est obligé d’accepter cette politesse, de la payer par un présent, et de la cultiver par la même voie. Chaque fois que l’étranger descend à terre, il est bien reçu chez son camarade ou chez sa pagaly. Il y mange, il y couche pour son argent, et l’unique faveur qu’on lui accorde gratis est le tabac et le bétel, qui ne lui sont point épar-