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d’après. Les missionnaires regardent cette mobilité d’humeur comme le plus grand obstacle qu’ils aient trouvé à la conversion de ces barbares. Elle est accompagnée d’un goût fort vif pour le plaisir. Ils ont naturellement de la gaieté ; ils l’exercent agréablement par des railleries mutuelles et par des bouffonneries qui ne laissent point languir la joie. S’ils sont sobres, c’est moins par inclination que par nécessité. Ils s’assemblent souvent, ils se traitent en poissons, en fruits, en racines, avec une liqueur qu’ils composent de riz et de cocos râpés ; ils se plaisent, dans ces fêtes, à danser, à courir, à lutter, à raconter les aventures de leurs ancêtres, et souvent à réciter des vers de leurs poètes, qui ne contiennent que des extravagances et des fables. Les femmes ont aussi leurs amusemens. Elles y viennent fort parées, autant du moins qu’elles peuvent l’être avec des coquillages, de petits grains de jais et des morceaux d’écaille de tortue, qu’elles laissent pendre sur leur front ; elles y entrelacent des fleurs pour relever ces bizarres ornemens. Leurs ceintures sont des chaînes de petites coquilles, qu’elles estiment plus que nous ne faisons en Europe les perles ou les pierres précieuses. Elles y attachent de petits cocos assez proprement travaillés : elles ajoutent à toutes ces parures des tissus de racines d’arbres ; ce qui ne sert qu’à les défigurer : car ces tissus ressemblent plus à des cages qu’à des habits.