Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/376

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Dans leurs assemblées, elles se mettent douze ou treize en rond, debout et sans se remuer. C’est dans cette attitude qu’elles chantent les vers fabuleux de leurs poètes, avec un agrément et une justesse qui plairaient en Europe. L’accord de leurs voix est admirable, et ne cède rien à la musique la mieux concertée. Elles ont dans les mains des petites coquilles qu’elles font jouer comme nos castagnettes. Mais les Européens sont surpris de la manière dont elles soutiennent leur voix et dont elles animent leur chant, avec une action si vive et tant d’expression dans les gestes, qu’au jugement même des missionnaires, elles charment ceux qui les voient et qui les entendent.

Les hommes prennent le nombre de femmes qu’ils jugent à propos, et n’ont pas d’autre frein que celui de la parenté : cependant l’usage commun est de n’en avoir qu’une. Elles sont parvenues, dans les îles Marianes, à jouir des droits qui sont ailleurs le partage des maris. La femme commande absolument dans chaque maison ; elle est la maîtresse. Elle est en possession de toute l’autorité ; et le mari n’y peut disposer de rien sans son consentement. S’il n’a pas toute la déférence que sa femme se croit en droit d’exiger, si sa conduite n’est pas réglée, ou s’il est de mauvaise humeur, sa femme le maltraite ou le quitte, et rentre dans tous les droits de la liberté. Ainsi le mariage des Marianais n’est pas indissoluble ;