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ceux qui tombaient entre ses mains. Leur paradis était un lieu de délices, mais dont ils faisaient consister toute la beauté dans celle des cocotiers, des cannes à sucre, et des autres fruits qu’ils y croyaient d’un goût merveilleux ; et ce n’était pas la vertu ou le crime qui les conduisait dans l’un ou l’autre de ces lieux : tout dépendait de la manière dont on sortait de ce monde. Ceux qui mouraient d’une mort violente avaient le zazarraguan pour partage ; et ceux qui mouraient naturellement allaient jouir des arbres et des fruits délicieux du paradis.

Peu de nations sont plus éloquentes dans la douleur. Rien n’est aussi lugubre que leurs enterremens ; ils y versent des torrens de larmes. Leurs cris ne peuvent être représentés. Ils s’interdisent toute sorte de nourriture ; ils s’épuisent par leur abstinence et par leurs larmes. Leur deuil dure sept ou huit jours, et quelquefois plus long-temps. Ils le proportionnent à la tendresse qu’ils avaient pour le mort. Tout ce temps est donné aux pleurs et aux chants lugubres. L’usage commun est de faire quelques repas autour du tombeau, car on en élève toujours un dans le lieu de la sépulture. On le charge de fleurs de branches de palmier, de coquillages et de ce qu’on a de plus précieux. La douleur des mères s’exprime encore par des marques plus touchantes. Après s’y être abandonnées long-temps, tous leurs soins se tournent à l’entretien de leur