Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Espérance, et l’on voyait déjà sur les flots cette espèce de roseaux qui sont joints dix ou douze ensemble par le pied, sans compter une multitude d’oiseaux blancs tachetés de noir, que les Portugais ont nommés manches de velours, et qui commencent à se montrer à cinquante ou soixante lieues du Cap, lorsque dans une nuit obscure, dont l’horreur était redoublée par la pluie et par un grand vent, le Corbin se trouva fort près de terre, et n’aurait pas évité de se briser contre des rochers qui s’avançaient dans la mer, si quelques matelots ne s’étaient aperçus du danger. On se hâta de reprendre le large, et d’avertir le général par un coup de canon. Le jour suivant fit remarquer qu’on avait passé le cap de Bonne-Espérance, et qu’on avait devant les yeux le cap des Aiguilles. Pyrard observe qu’il porte ce nom parce que, vis-à-vis le Cap, les aiguilles, ou compas de mer, demeurent fixes et regardent directement le nord, sans décliner vers l’est ni l’ouest, et qu’après l’avoir doublé, elles commencent à décliner au nord-ouest.

L’intention du général était de prendre sa route en dehors de l’île de Madagascar ; mais l’ignorance de son pilote lui fit suivre d’abord la terre de Natal, qu’il eut le bonheur, à la vérité, de passer sans tempête, quoiqu’elles y soient très-fréquentes depuis le 33e. degré jusqu’au 28e. : mais, le 7 février 1602, s’étant aperçu qu’il s’était trompé, et voulant repasser la même côte pour aller en dehors de Ma-