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Vers le milieu du même jour on vit paraître un grand vaisseau, qui fut bientôt reconnu pour le Croissant. Il avait été beaucoup plus maltraité que le Corbin, et la plus grande partie de son équipage était malade. Pendant qu’on travaillait à réparer les vaisseaux, il ne fut pas difficile de lier connaissance avec les habitans de l’île et de se procurer des vivres. Après quelques incertitudes qui venaient de leur défiance, ils convinrent par divers signes de fournir, toutes sortes de provisions pour de petits ciseaux, des couteaux et d’autres bagatelles, dont ils paraissaient faire beaucoup de cas. Ainsi l’on se trouva bientôt dans une grande abondance de bestiaux, de volaille, de lait, de miel et de fruits. Pour deux jetons, ou pour une cuillère de cuivre ou d’étain, on obtenait d’eux une vache ou un taureau ; mais leur industrie n’allant pas jusqu’à châtrer les animaux, il ne fallait espérer d’eux ni bœufs, ni moutons. Un grand bois qui bordait la rivière servait de promenade pendant le jour à ceux qui avaient la force de marcher. Ils trouvaient quantité de petits singes, un nombre surprenant de toutes sortes d’oiseaux, surtout des perroquets de divers plumages, et différentes espèces de fruits, dont quelques- uns étaient fort bons à manger. Malgré tous ces secours, on avait à combattre une chaleur si ardente, qu’avec des bas et des souliers on ne laissait pas d’avoir les jambes et les pieds brûlés ; ce qui non-seulement empêchait de mar-