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nanbadery Tacourou, beau-frère du roi, reçut ordre d’aller recueillir tous les débris du navire échoué. Il en tira non-seulement les marchandises, mais le canon même, et ce qu’il y avait de plus pesant. De là, passant dans l’île de Pouladou, il prit avec lui le capitaine français et cinq ou six de ses compagnons, qui furent fort bien reçus du roi. Ce monarque promit au capitaine de faire équiper une barque pour le conduire dans l’île de Sumatra, où le Croissant devait être arrivé. L’auteur doute s’il aurait tenu parole ; mais le malheureux Grout du Clos-Neuf mourut six semaines après dans l’île de Malé.

Les autres captifs ayant été distribués dans plusieurs îles, Pyrard fut conduit avec deux de ses compagnons dans celle de Paindoué, qui n’a pas plus d’étendue que celle de Pouladou, et qui n’en est éloignée que d’une lieue. Il raconte ici que, dans le partage qui s’était fait de l’argent qu’on avait pu sauver du vaisseau, ceux qui s’en étaient chargés avaient mis leur fardeau dans des ceintures de toile qu’ils s’étaient liées autour du corps. L’usage de cet argent devait être pour les nécessités communes ; et dès la première nuit on avait eu soin de l’enterrer de concert dans l’île de Pouladou pour le dérober à l’avidité des habitans. Pyrard et ses deux compagnons n’avaient pas eu le temps de reprendre leurs ceintures lorsqu’on leur avait fait quitter cette île ; et comme on ignorait encore ce qu’ils