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avaient sauvé de leur naufrage, ils reçurent d’abord assez d’assistance dans celle de Pindoué. Mais les autres qui étaient demeurés à Pouladou, ne se trouvant pas dans l’abondance qu’ils auraient désirée, furent obligés de déterrer l’argent et de l’offrir pour obtenir des vivres. Aussitôt que les habitans leur connurent cette ressource, ils prirent le parti de ne plus leur accorder aucun secours qu’en payant ; et le bruit s’en étant répandu dans les autres îles, ceux qui étaient partis, comme Pyrard, sans avoir pris leur ceinture, se trouvèrent réduits à la dernière nécessité. Il arriva même aux autres qu’ignorant l’usage des Indes, où l’argent de toute marque est reçu lorsqu’il est de bon aloi, et où il peut être coupé en petites parties qu’on donne au poids à mesure qu’on a besoin de l’employer, ils offraient leurs piastres aux insulaires, qui ne leur donnaient jamais de retour ; de sorte qu’une marchandise du plus vil prix leur coûtant toujours une pièce d’argent, ceux qui en avaient le plus épuisèrent bientôt leur ceinture, et ne se virent pas moins exposés que les plus pauvres à toutes sortes de misères. Pyrard fait une triste peinture de la sienne. Il allait chercher sur le sable, avec ses compagnons, des limaçons de mer ou quelque poisson mort qui avait été jeté par les flots. Pour assaisonnement, ils les faisaient bouillir avec des herbes inconnues et de l’eau de mer qui leur tenait lieu de sel. Ce qui leur arrivait de