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qu’il fallait demeurer très-long-temps sous l’eau, et visiter entièrement le dessous du navire. D’ailleurs il disait assez froid, car le soleil était alors au tropique du cancer, ce qui est l’hiver de l’île. Cependant, excité par les promesses de tout le monde et par ses propres offres, il alla plusieurs fois sous le vaisseau, et rapporta même quelques planches brisées ; mais il jugea que la quille n’était point endommagée, et son témoignage rassura le capitaine. On regretta de n’avoir pas connu plus tôt l’utilité qu’on pouvait tirer des Français, et leur situation devint plus douce. On fit une quête dans la caraque en faveur du charpentier, et le capitaine l’assura d’une grosse récompense, s’il voulait aller jusqu’en Portugal. Quoiqu’on eût employé dix jours à remédier à ce mal, on n’en prit pas moins la résolution d’aller se radouber au Brésil. Pyrard admire ici la bonté du ciel. Sans ce favorable accident, on aurait continué la navigation vers le Portugal, et la caraque ne pouvait manquer de périr. On s’aperçut, en la visitant, que le gouvernail ne tenait presque plus, et la moindre tempête l’aurait précipité dans les flots.

On commença le 8 d’août à découvrir la terre du Brésil, qui paraît blanche de loin comme des toiles tendues pour sécher, ou comme un grand amas de neige. Aussi les Portugais lui donnent-ils le nom de Terres des linceuls. Le 9, on jeta l’ancre à quatre lieues de la baie de Tous les Saints, où le pilote n’osa