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portugais pendant notre marche, nous conçûmes qu’étant environné d’un fossé plein d’eau, qui faisait sa principale défense, et que les Tartares avaient tenté inutilement de passer, nous pouvions le faire combler aisément de fascines, dont ils ne connaissaient pas l’usage, et qu’à l’aide de quelques attaques feintes, qu’on formerait de divers côtés pour diviser les forces de la garnison, le véritable assaut qui se ferait par le passage que nous aurions ouvert ne pouvait manquer de succès. Cette délibération nous ayant peu coûté, on fut surpris de notre diligence, et plus encore de nous entendre assurer au nauticor que le château serait bientôt à lui, avec aussi peu de travail que de hasard. Il nous fit ôter aussitôt le reste de nos fers, et dans le mouvement de sa reconnaissance il jura qu’en arrivant à Pékin, il nous présenterait au khan pour nous faire recueillir les plus glorieux fruits de ses promesses.

» Mendez fut regardé à l’instant comme un second général dont toute l’armée devait reconnaître les ordres. Il donna un modèle de fascines, sur lequel on se hâta d’en faire un prodigieux nombre. Le nauticor étant informé seul de notre projet, les Tartares raisonnaient sur leur usage : les uns s’imaginaient que nous allions faire autour du fossé un feu immense, dont la flamme envelopperait la place et consumerait les assiégés. D’autres, qui sentaient l’impossibilité de cette entreprise, se figuraient