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nous fîmes passer nos prisonniers dans une de nos fustes, et leur vaisseau fut coulé à fond. Il ne portait que des balles de teintures, qui nous étaient alors inutiles, et quelques pièces de camelots dont nos soldats se firent des habits.

» Nos commandans résolurent de descendre à Gottor, une lieue au-dessous de Maçoua, dans l’espérance d’y prendre de nouvelles informations. Nous y reçûmes des habitans un accueil fort civil. Un Portugais, nommé Vasco Martinez de Seixas, y séjournait depuis trois semaines par l’ordre de Henri Barbosa, pour y attendre l’arrivée de quelques navires portugais, et lui envoyer une lettre d’avis sur l’état de l’armée turque.

» Nous remîmes à la voile le 6 novembre 1537. Un évêque abyssin, qui se proposait de faire le voyage de Portugal et de Rome, avait demandé passage à nos deux commandans jusqu’à Diu. Il était une heure avant le jour lorsque nous quittâmes le port ; et, suivant la côte avec le vent en poupe, nous avions doublé vers midi la pointe de Goçam, lorsqu’en approchant près de l’île des Écueils, nous découvrîmes trois vaisseaux, que nous prîmes dans l’éloignement pour des galères ou des terrades, nom des bâtimens ordinaires du pays. Le seul désir de recevoir quelques nouvelles informations nous fit gouverner vers eux. Un calme qui survint tout d’un coup était peut-être une faveur du ciel qui voulait nous