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pages de sa livrée sur des chevaux blancs. Nous marchâmes après les pages. Ce cortége était fermé par une troupe de domestiques à pied, avec quantité de musiciens sur les ailes. En arrivant aux premières tranchées des tentes du khan, le nauticor sortit de sa litière pour demander au capitaine des portes la permission d’entrer. Nous descendîmes à son exemple. Ensuite, étant rentré dans sa litière, il s’avança par la première enceinte jusqu’à l’entrée d’une longue galerie où il nous ordonna de l’attendre. Nous y passâmes quelque temps à voir sauter et voltiger des bateleurs, qui nous causèrent peu d’admiration. Enfin le nauticor, reparaissant avec quatre pages, nous introduisit par divers appartemens intérieurs dans la chambre du khan.

» Après nous être avancés de dix ou douze pas dans la salle, nous fîmes notre compliment avec diverses cérémonies qu’on nous avait enseignées. Alors le khan dit au nauticor : « Demande à ces gens du bout du monde s’ils ont un roi, comment se nomme leur pays, et de combien il est éloigné de la Chine où je suis à présent. » Un de nous répondit « que notre pays se nommait Portugal, que nous avions un roi fort puissant, et que depuis sa capitale jusqu’à Pékin le voyage était de trois ans. » Cette réponse étonna beaucoup le khan, qui ne croyait pas le monde si vaste. Il se frappa trois fois la cuisse d’une baguette qu’il avait à la main, et levant les yeux vers le ciel, il té-