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bons offices qu’il nous rendrait auprès du khan.

» Cependant il se passa quarante-trois jours sans aucun changement dans notre sort. Le siége était poussé avec beaucoup de vigueur ; mais les Chinois n’en apportaient pas moins à leur défense. Il s’était répandu dans le camp des maladies qui emportaient chaque jour quatre ou cinq mille hommes ; et le débordement des deux rivières dont ce pays est arrosé rendait le transport des vivres extrêmement difficile. D’ailleurs l’hiver approchait, il faisait envisager d’autres obstacles qui commençaient à décourager les Tartares. On tint un conseil général, dans lequel on fit sentir au khan la nécessité de lever le siége pour sauver l’armée. Cette humiliation lui parut inévitable, lorsqu’il eut appris que depuis six mois et demi qu’il était devant la place, il avait perdu le tiers de ses troupes, et qu’une partie de son camp était inondée. Toute l’infanterie fut embarquée avec le reste des munitions, et le khan se mit en marche à la tête de trois cent mille chevaux, au lieu de six cent mille avec lesquels il était entré dans la Chine.

» Ses ravages continuèrent jusqu’à la grande muraille, qu’il repassa sans opposition à la porte de Singrachiran. De là, s’étant rendu à Panquinor, petite ville de ses états, qui n’était qu’à trois lieues de la muraille, il arriva le lendemain à Psipator, où il congédia ses troupes : son chagrin éclatait dans toutes ses résolutions. Il n’avait gardé que dix ou douze